Nous sommes la coordination COLERE Nantes – CRA ni ici ni ailleurs – opposée à l’enfermement et à la répression des étrangers.

Nous sommes près de 30 organisations associatives, syndicales, politiques et des individus qui se sont réuniEs pour s’opposer au projet de centre de rétention administrative dans le département de Loire-Atlantique, annoncé par le ministre de l’Intérieur fin 2022.

Vous avez répondu à l’appel d’offre pour la construction de ce CRA et nous souhaitons vous informer que nous nous opposons à la construction des centres de rétention administrative ici comme ailleurs pour de multiples raisons. En voici quelques-unes.

Qu’est-ce qu’un CRA ?

Un centre de rétention administrative est une prison qui ne dit pas son nom.

Le placement en rétention est une décision administrative, prise par le préfet, permettant d’enfermer sans jugement une personne de nationalité étrangère que l’Etat entend expulser après lui avoir refusé le droit de vivre sur le territoire.

Ces personnes ne sont pas “retenues” pour avoir commis un crime ou un délit, mais dans l’attente d’un éventuel éloignement forcé.

Par ailleurs, le nombre de personnes enfermées est en constante augmentation depuis des années, ce qui ne se traduit pas par une augmentation des éloignements du territoire. Preuve s’il en faut de l’hypocrisie, l’indignité et l’inutilité de cette politique.

Les conditions d’enfermement dans les CRA sont indignes, inhumaines, et sont largement dénoncées par les acteurs associatifs, institutionnels (Défenseur des Droits, Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté) et politiques : nourriture insuffisante et périmée, coupures d’eau courante, absence d’accès aux soins ou à son dossier médical, violences policières, mises à l’isolement, non accès aux droits, pas de connaissance du délai de sortie…

À onze reprises déjà, la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) pour l’enfermement d’enfants dans les CRA, dont des nourrissons.

Ces enfermements ont des conséquences dramatiques et trop souvent irréversibles pour celles et ceux qui les subissent. En 2024, tout comme l’année précédente, quatre personnes ont perdu la vie derrière ces murs.

Une politique et des amalgames racistes

Ce projet s’inscrit dans une stratégie politique qui surfe sur un climat sécuritaire et xénophobe croissant.
Pour rappel et à l’opposé de ce qui est martelé depuis des années par certains politiciens et médias, rien ne justifie de lier la question de l’immigration à celle de l’insécurité. Une politique violente qui précarise, isole, enferme, est contre-productive et génère davantage d’insécurité.

La destruction d’un écosystème et de la biodiversité

En outre, la construction du CRA à Nantes prévoit la destruction du Bois dormant, près de 5 hectares naturels, l’un des derniers et rares bois nantais avec ses zones humides, sa biodiversité, captant les eaux de pluies et limitant ainsi les inondations et abritant de nombreuses espèces protégées.

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En répondant à l’appel d’offre de l’Etat, voulez-vous construire un lieu d’enfermement au service d’une politique raciste où des violations des droits humains auront lieu en bétonnant au passage des zones humides ?

Votre entreprise assume-t-elle d’avoir une responsabilité dans ce projet ?

Pour rappel, voici les “valeurs” que vous affichez publiquement via vos Fondations respectives :

  • aider les démunis et aider à lutter contre l’exclusion
  • 4 axes de mécénat : éducation, recherche médicale, humanitaire et environnement
  • accompagner des jeunes issus de milieux modestes
  • permettre aux personnes en difficulté de réaliser leur potentiel
  • pour une société plus inclusive et solidaire
  • etc …

Nous sommes résoluEs à faire échouer ce projet et sommes disponibles pour vous exposer plus en détail les raisons qui nous poussent à nous y opposer.

Signé : la coordination COLERE Nantes – CRA ni ici ni ailleurs – coordination opposée à l’enfermement et à la répression des étrangers